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Petit roman de Van Horne Saint-Louis : Jour 24

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Message par Sébastien Vanier Ven 16 Fév 2024 - 12:06

La prière de Saint-Louis fût exaucée par un après-midi d’été. Alors qu’il se trouvait au parc comme à son habitude, il se régalait à suivre un jeune homme dont le parfum floral de ses pensées était particulièrement agréable. Ce jeune homme venait de terminer ses études et de trouver un emploi en électricité. La particularité de ce jeune homme était sa perspective sur la pomme : Il voyait le monde et sa relation au monde comme un système de tensions un peu à la manière de vases communicants.

Il se voyait dans un rapport de pouvoir face au monde et toute intervention de sa personne était perçu comme une position de force ou de faiblesse. En cela il n’y avait rien de particulièrement nouveau à l’exception que ce jeune homme schématisait ses relations grâce à sa connaissance de l’électronique. Son rapport au monde prenait la forme d’un complexe circuit où chaque composante avait une fonction psychologique et dont la dynamique servait à représenter l’ensemble des relation de l’être au monde.

Alors que Saint-Louis était absorbé par les pensées intrigantes de ce jeune homme, il fut surpris par le choc de la présence joviale d’un écureuil qui venait de faire de lui le chat. Agréablement surpris, il délaissa le jeune homme avant de partir à la recherche des écureuils du parc pour trouver la source du jeu. Les écureuils jouaient naturellement à chat entre eux mais jamais il n’avait été fait chat par l’un d’eux. C’était toujours à son initiative qu’il partait à la poursuite des écureuils et s’insérait dans le jeu.

Lorsqu’il trouva un écureuil dans un coin reculé du parc, il trouva aussi un jeune homme assis en tailleur qui s’amusait à être présent à cet écureuil. À ne pas se tromper, ce jeune homme jouait à chat avec son petit compère. Combien étonnant trouvait cela Saint-Louis : Seules les vieilles âmes trouvait l’existence suffisamment longue pour s’attarder à la présence des animaux de cette façon. Combien étonnant était ce jeune homme à la blonde chevelure. Il était là, posé en tailleur près d’une haie de rosiers sauvages, semblant irradier d’une couleur doré, semblant être le point de mire des rayons du soleil, les nuages semblant obscurcir tous les autres êtres du parc. Il méditait tranquillement les yeux clos, sa présence tournée vers l’extérieur scrutant sur une dizaine de mètres la nature et la vie qui l’enveloppait.

Alors que Saint-Louis s’approchait pour humer l’odeur des pensées de ce jeune homme, ce dernier eut un tressaillement de recul face à cette nouvelle présence qui venait troubler sa quiétude. Son premier réflexe fut de repousser vaillamment la présence de Saint-Louis d’un mouvement de pensée ce qui provoqua une image involontaire d’une gueule de loup l’écume à la bouche dans l’esprit du jeune homme. Ce mouvement de pensée attisa davantage le désir de Saint-Louis de posséder cette maison. Cette fois, il attaqua directement le jeune homme en fondant vers lui ce qui résultat en une crise de panique chez le jeune homme qui se leva prestement en scrutant l’horizon de sa présence sans pouvoir s’expliquer ce qui venait de se produire. Il renonça à sa petite séance de méditation et se dirigea vers la passerelle qui enjambait la rivière qui longeait le parc, le cœur en émoi.

Puisque Saint-Louis ne pouvait pas aller au-delà de la rivière, il délessa son étreinte pour laisser filer sa proie. Il n’y avait que les vieille âmes qui réagissaient à la présence des autres et à ne point se tromper, ce jeune homme avait quelque chose de spécial. Saint-Louis joua la prudence et décida d’observer à distance cette âme à la fragrance de cannelle ; il attendrait patiemment le retour de cette âme aux reflets dorés devant la passerelle près du vieux moulin.

Le lendemain matin fut l’une des rares matinées où Saint-Louis se rendait au parc en sifflotant. Il avait passé une nuit merveilleuse loin des ses ombres ; il avait passé la nuit à supputer son plan pour conquérir le blondinet. Il avait tant de fois conquis de maisons que son plan était rodé ; il jubilait presque à l’idée de conquérir cette maison aux reflets d’or. Qu’avait donc de si particulier ce jeune homme pour dégager une si bonne odeur à un si jeune âge ? Il ne devait pas avoir dix-huit et pourtant, il semblait empreint d’une sérénité d’un homme accompli d’au-delà la quarantaine. La tactique d’approche était toujours la même : se tenir à distance, regarder l’humain, prendre connaissance de la fréquence de ses visites, regarder ce qu’il regarde, prendre en note ce qu’il mange, quand il le mange et où il le mange, bref, répertorier les petites habitudes. Ce qui embêtait Saint-Louis était qu’il n’avait pas accès à la maison en dehors du parc puisque le domicile du jeune homme était de l’autre côté de la rivière. Il aurait aimé pouvoir s’insinuer près du corps dormant afin de susciter des songes et tranquillement influencer son subconscient.

Commença alors la surveillance. À tous les matins, Saint-Louis se rendait au parc près de la passerelle sans se soucier de son quotidien. Il ne passait pas par le café du coin pour quérir l’odeur de la serveuse ni par le petit restaurant où s'affairait comme à son habitude le lecteur de mots croisés. Même la venue de Rose ne l’intima à la suivre : Il se rendait directement au parc et restait là implacable, attendant la venue du jeune homme. Pendant deux semaines, Saint-Louis ne broncha pas et passa le plus clair de son temps à entretenir sa convoitise d’un discours entre lui et le Grand Patron, errant entre l’incertitude de Son intervention et du hasard qui répondait enfin présent à son éternelle requête d’un pupille à exploiter. Vînt alors le jour où sa patience fut récompensée et qu’il vit poindre à l’horizon la silhouette tant attendue. Le jeune homme traversait la passerelle et encore là, il semblait que le soleil ne voyait que lui. Arrivé au parc, Saint-Louis le suivit à distance jusqu’à la haie de rosiers sauvages où le jeune homme s’installa en tailleur. Il tourna alors sa présence vers l’extérieur et Saint-Louis, n’ayant pas pris assez de distance, se trouva confronté à la présence du jeune homme. Saint-Louis se risqua alors à une question :

- [Quel est ton nom ?]

La réponse fut instantanée et ne sembla pas troubler le jeune homme.

- (Eugène.)
- (Ça y est, je deviens fou.)
- (Est-ce moi qui ai posé cette question ?)
- (Mais pourquoi est-ce que je me demanderais mon nom ?)
- (Je sais déjà comment je m’appelle.)
- (Est-ce cet arbre dont je ressens la présence qui me parle ?)

Saint-Louis était amusé et décida de se laisser prendre au jeu de mère nature. Il s’installa près d’un érable et lentement, il s’approcha d’Eugène en simulant un bien-être émanant de l’arbre. Eugène reçu cette présence positivement et se laissa bientôt inonder de la présence de Saint-Louis qui pouvait maintenant humer cette odeur de cannelle de près et s’installer confortablement près des pensées d’Eugène. Saint-Louis lui insuffla le bonheur d’être à l’ombre de ces rosiers, près de cet arbre et combien le parc était un endroit agréable à être. Il voulait bien sûr conforter Eugène dans son habitude de revenir au parc afin qu’il soit présent le plus souvent possible. Eugène était d’un tempérament calme, lent et posé. Il aimait se questionner sur la réalité et se voulait être un disciple sur la voie du Bouddha. Cette expérience avec l’arbre le lança sur la voie de l’être au sommet de la chaîne alimentaire.

En fait, il se disait en lui-même que s’il était en mesure de penser, le réel était en mesure de penser. En tant qu’humain, il se trouvait tout en haut de l’évolution et étant une partie du réel pensant, la réalité était apte à penser. Restait la question de la forme, à savoir si la réalité avait besoin de la forme humaine pour penser ou si cet arbre était en mesure d’avoir une forme de pensée et que la voie de l’éveil menait l’être à devenir apte à entendre cette pensée.

Cet arbre était un érable dont la sève pouvait être recueillie au printemps afin de la faire bouillir et d’en faire un sirop sucré. Saint-Louis eut une surprise de constater le lien qu’Eugène faisait entre cette eau d’érable et le miel de la terre. Pour Eugène, le lait de la terre était l’eau nourricière et son miel était cette eau sucré qui coulait de cet arbre à chaque printemps. La terre promise n’était-elle pas une terre où coulaient le lait et le miel de la terre ?

Eugène considéra la présence de Saint-Louis comme étant la présence de l’arbre et se posa la question de l’aura des plantes. Pour Eugène, tout être vivant avait une aura même si elle ne pouvait être vu à l’œil nu. La preuve en était comme le magnétisme qui existe sans pour autant être visible et dont on peut mesurer les effets sur la réalité du corps humain. Ce parc, ces rosiers et cet arbre étaient d’une agréable compagnie et Eugène en attribuait la cause à leur aura. Ne lui était-il pas déjà arrivé de se retrouver en un endroit d’où il émanait un malaise et où il ne trouvait pas le bien être ? Ou encore il ne parvenait à expliquer pourquoi il se sentait mal en fonction de certaines personnes qu’il côtoyait qu’avec sa conception de l’aura et il en arrivait à la conclusion que certaines personnes avait une aura désagréable et qu’il était en mesure de la ressentir.

Il ne savait pourquoi il était si sensible à l’aura ou pourquoi il était en mesure de ressentir l’ambiance des lieux mais il savait que la cause en était de nature spirituelle et aujourd’hui, grâce à cette connexion avec l’arbre, il en était certain. Il passa la journée dans le silence de ses pensées à prendre refuge auprès de la présence de cet arbre en espérant entendre de nouveau cette voix qui l’avait interpellé et qui lui avait demandé son nom. De son côté, Saint-Louis restait aussi muet et mimait la présence de l’arbre tout en se régalant de l’odeur de cannelle qui émanait du jeune homme. Il ne savait encore pourquoi ce jeune homme était spécial mais sa seule période de méditation avait comme effet d’apaiser les remous de l’âme de Saint-Louis.

À la fin de la journée, Eugène se leva tout simplement, s’inclina devant “son arbre” en signe de respect et quitta le parc par la passerelle, laissant Saint-Louis sur sa faim de posséder cette maison. Saint-Louis la voulait et il lui fallait trouver une façon de garder Eugène de son côté de la rivière afin de pouvoir l’habiter en permanence. À sa grande surprise, Eugène apparu dès le lendemain par la passerelle et vînt s’asseoir près de son arbre après l’avoir respectueusement salué. Saint-Louis s’approcha alors en mimant la présence de l’arbre ce qui fît naître un sourire aux lèvres d’Eugène. Saint-Louis tenta alors d’influencer Eugène en lui soumettant des images mentales de certaines rue de la vieille ville.

Après avoir jonglé avec ces images et reconnu l’une d’entre elles, Eugène se leva et décida de suivre les indications de son arbre pour savoir où elles pouvaient l’amener. La première image était celle d’un pub très en vue sur la rue principale. Près du pub trônait un grand sapin et lorsque Eugène arriva à l’endroit, Saint-Louis émit sa présence à partir de l’arbre. Eugène en déduisit qu’il s’agissait d’un ami de son arbre et resta quelques instant en sa présence. Il continua alors son chemin et remonta une petite rue où il se retrouva encore devant un grand arbre. Cette fois, il s’agissait d’un chêne et Saint-Louis imita de nouveau la présence de l’arbre. Eugène était enjoué de la tournure que prenait sa journée ; les arbres étaient donc conscients et pouvaient communiquer entre eux. Son arbre lui présentait donc ce qu’il considérait comme les gardiens de la vieille ville.

Eugène continua sur la même rue jusqu’à ce qu’il rencontre un autre arbre majestueux près d’un immeuble à logement. L’arbre lui indigna d’entrer dans l’immeuble, ce que fit Eugène. À l’intérieur, il vit une enseigne de logement à louer et la présence l’inclina à considérer l’offre. Saint-Louis usa de tous ses atouts pour suivre le raisonnement d’Eugène qui tergiversait entre ses finances et l’envie de suivre les indications des arbres. Comment pouvait-il refuser de déménager dans la vieille ville ? Il ne se souciait pas de la logique de déménager ou non, il n’y avait que l’émerveillement de suivre ce que mère nature lui indiquait de faire et il pris la résolution de déménager la semaine même.

Saint-Louis raccompagna alors son protégé jusqu’à la passerelle et le regarda s’éloigner en nourrissant l’espoir de cette nouvelle acquisition. Que pouvait receler ce jeune homme qui pensait parler aux arbres ? Il avait vu passer de nombreuses âmes sur son chemin mais d’aucuns n’avait été si disposé à entendre ce qu’il aurait eu à dire. Qu’allait-il bien pouvoir faire de ce jeune homme ? Il ne connaissait rien de lui et pourtant, il se sentait irrésistiblement attiré par lui. Était-ce un coup du Grand Patron qui savait qu’il ne pourrait résister aux reflets dorés que lui renvoyait cette âme ? Il savait que le Grand Patron le connaissait mieux qu’il ne se connaissait lui-même mais il était perplexe à la fois : Et si ce n’était que du hasard ? Cela ne pouvait être. Le grand Patron ne laisse rien au hasard mais Saint-Louis ne pouvait éluder la question. Il passa la semaine dans la pénombre de ces réflexions et au plus noir de la nuit, il se surprenait à prendre refuge dans l’idée qu’Il ne l’avait pas oublié, qu’Il avait pitié de lui, qu’Il lui pardonnait ses frasques et qu’Il avait un rôle important pour lui.

Combien d’années à se cacher de Sa présence ? Combien d’années à se cacher de lui-même sans pouvoir se pardonner ses actes. Il savait qu’il n’était plus un ange, il savait qu’il avait été chassé du paradis mais il ne pouvait cacher cet amour pour Lui et malgré le nombres d’années à se refuser de tendre sa présence vers Lui, il se surprenait à espérer quérir un jour son pardon s’Il daignait de nouveau lui accorder sa confiance. Mais quelle serait donc la mission qu’Il pourrait lui confier ? Le monde avait changé et aujourd’hui plus que jamais, l’existence des anges parmi les hommes était devenu source de railleries et tout homme qui voulait faire carrière ne pouvait voir le mystère angélique que sous une forme péjorative. Le coup de génie de la Bête de faire croire à son inexistence avait eu comme conséquence la négation des anges et dans une certaine mesure, il avait gagné du terrain ; comment un homme pouvait-il se défendre verbalement d’être la victime du malin si son existence même était de la pure folie ?

Combien il avait profité de cet avantage de l’impossibilité d’être accusé de voler une maison puisque sa victime ne pouvait exprimer la situation à quiconque. Combien il s’était enrichi de ces maisons et combien la pomme avait mûri grâce à cela ? Attendant qu’Eugène revienne par la passerelle, Saint-Louis avait du mal à trouver le repos. Quand enfin il le vit entrer au parc par l’allée du vieux moulin, il sût qu’Eugène avait déménagé et qu’il pourrait bientôt s’occuper d’horticulture et de faire fleurir le fruit du paradis. Le fruit du paradis, Saint-Louis le savait, était au milieu du jardin et il était interdit d’en manger. De tout façon, jamais il n’était parvenu à l’éveil de la glande pinéale située au milieu de la tête. Descartes avait dit qu’il s’agissait du siège de l’âme et, en partie, il n’avait pas tort. La glande pinéale partage une évolution commune avec les photorécepteurs de la rétine et capte l’intensité lumineuse extérieure ce qui fait qu’on la désigne parfois comme le troisième oeil.

Il est prétendu qu’une fois éveillé, le fruit au milieu du jardin révèle à l’être sa nudité face au différents cieux et à partir de ce moment, des êtres tels que Saint-Louis ne pourraient plus se cacher à l’humain qui prendrait ou reprendrait possession de sa propre maison, chassant les êtres ou les démons qui tenteraient de prendre possession d’un bien qui ne leur appartient pas. Rarement Saint-Louis s’était intéressé à un si jeune être mais Eugène avait quelque chose d’irrésistible ; il le cultiverait soigneusement, il se le promettait. Il lui enseignerait qu’il existe quatre forces en action dans la matière, soit la cohésion, l’adhésion, l’attraction et la répulsion et qu’elles sont en fait la résultante d’une seule et même énergie, le prâna. Il lui apprendrait à ne pas prendre les effets pour les causes et à distinguer les actions sur le plan de la matière et sur le plan de l’Esprit. Le prâna n’est pas l’âme à proprement parler même si cette dernière est constituée de prâna. La matière est aussi constitué de prâna et c’est cette énergie qui donne à la matière cette masse et cette densité. Du plus petit au plus grand, tout est fait et est constitué de prâna : c’est l’énergie dans laquelle la matière tient.

Ainsi, Saint-Louis apprendrait à Eugène que c’est le prâna qui donne sa cohésion et son adhésion au monde, son attraction et sa répulsion, que la vie est un exemple parfait d’équilibre et d’harmonie de ces forces qui existent dans l’univers, que tout découle de cette énergie fondamentale et que les variations de la matière que nous expérimentons ne sont qu’une manifestation de différents agencements du prâna. Il attendait son pupille avec l’espoir d’un avenir meilleur et surtout, surtout, de nuits meilleures.

Sébastien Vanier

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Date d'inscription : 03/02/2024

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