Le K-4100
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Petit Roman de Van Horne : Saint-Louis

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Petit Roman de Van Horne : Saint-Louis Empty Petit Roman de Van Horne : Saint-Louis

Message par Sébastien Vanier Mar 13 Fév 2024 - 11:22

Il s'en passe des choses au K-4100. D'ailleurs, à ce qu'il paraît, des gens écrivent des choses...oui oui...reste à savoir qui écrit quoi...dans mon cas...j'écris, entre autre, ceci..

Saint-Louis passait ses journées au parc. Il aimait à ce que tout soit à sa place et faisait une inspection journalière de ses habitants. Il commençait toujours par faire un tour des arbres pour vérifier le nombre d’écureuils et s’ils étaient d’humeur joueuse avant d’inspecter les canards du bassin. Ensuite, seulement, il s’attardait au gens qui fréquentaient le parc. Il y avait d’abord les habitués qui n’étaient que de passage et qui ne prenaient aucune attention de l’endroit où ils marchaient en se contentant de maintenir les yeux au sol, semblant être absorbés par le rythme de leurs propres pieds. Depuis les dernières années, une nouveauté avait fait son apparition et semblait affecter une grande proportion des marcheurs : les baladeurs.

De loin, ils n’étaient en rien différents aux gens de jadis : ils étaient absorbés dans leurs pensées et marchaient, probablement en direction du travail, l’esprit occupé par une pléthore de petits problèmes personnels. Mais voilà, l’esprit en musique était différent de l’esprit en silence : la musique teintait les pensées d’un affect différent et polluait l’odeur de l’âme. De plus, la musique masquait les pensées dans une cacophonie de sons qui diminuait l’emprise que Saint-Louis pouvait avoir sur les esprits.

Jadis, en s’approchant, Saint-Louis pouvait humer tranquillement l’odeur des pensées les plus intimes des marcheurs. Celles qui portaient une douce effluve de fleur étaient accompagnées d’un visage souriant et serein alors que d’autres, plus repoussantes, transpiraient la viande avariée. Avec les années, les mêmes odeurs revenaient et Saint-Louis avait ses préférences. Par exemple, à chaque matin, il attendait celle qu’il nommait Rose pour se repaître d’une douce fragrance de lavande. Jamais Rose ne s’attardait dans le parc et combien Saint-Louis aurait aimé qu’elle se pose sur un banc par une chaude journée ensoleillée d’automne où il aurait eu loisir de s’installer près d’elle, près de son parfum et d’apprendre davantage à la connaître, à connaître cet homme vers qui ses pensées voletaient, vers ce rêve qu’elle entretenait et dont il n’arrivait pas à en connaître l’envergure.

Chaque jour où elle passait, il en savait davantage ; une pensée ici, une pensée là, une nouvelle pensée pour une nouvelle matinée, les mêmes problèmes aux mêmes endroits. Il connaissait ses problèmes et était parfois amusé par le nombre de matinées où elle pensait et repensait encore et toujours le seuil de cette porte qu’elle n’arrivait pas à franchir.

Combien il aurait été simple de lui permettre d’aller de l’avant, de la libérer de cette tornade qui la gardait en son centre alors qu’elle n’avait qu’à choisir d’avancer, de laisser derrière elle tout son frata quotidien et de simplement changer. Les gens changent sous la contrainte, sous la pression, mais lorsqu’il sont libre de changer, ils semblent pris par les liens invisibles du gouffre de l’inconnu ; le possible effraie et cantonne sur sa rive celui qui rêve de traverser alors que celui qui trouve son bonheur où il est mais qui est pressé par le monde de traverser le gouffre ne voit pas la liberté que ce bonheur révèle.

Être libre est une question de mouvement et étrangement, ce sont ceux qui bougent qui ressentent l’oppression d’un bonheur à quitter. La liberté ne réside pas dans le possible car la possible se cache derrière la rêverie. La liberté réside dans l’impossible qui presse de se mouvoir, de s’arracher de l’invisible lien avant qu’il ne prenne forme, avant qu’il ne devienne une longueur et une langueur, avant qu’il ne se réalise et pousse l’être à changer.

Il ne faut pas attendre d’être pressé d’être libre pour être libre car la liberté se pervertit alors en se cachant à elle-même par une transformation en une obligation d’être autre. A-t-on le choix d’être libre avant d’être libre ? Peut-on être libre sans y être poussé ? Il faut alors se mouvoir et ce n’est que lorsque le mouvement de la marche disparaît qu’apparaît cette essence de lavande, d'une autre fragrance pour d'autre, cette effluve de liberté que révèle l’âme et qui relève le menton de ces marcheurs du parc pour embrasser le monde de ce regard souriant que Saint-Louis voyait parfois poindre dans les yeux de Rose.

Sébastien Vanier

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Date d'inscription : 03/02/2024

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